Interview exclusive : Charles Blé Goudé : « Alassane Ouattara se sert du PDCI-RDA...il veut le diviser et le décapiter »

Publié le par Abel NAKI

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 « Alassane Ouattara se sert du PDCI-RDA...il veut le diviser et le décapiter »
 
Alors que les Houphouëtistes confortent leur chance sur des calculs arithmétiques de report de voix des électeurs de Bédié sur Ouattara, Charles Blé Goudé, Directeur national de campagne de Laurent Gbagbo chargé de la jeunesse fait une toute autre analyse. Il pense plutôt que le président du PDCI sera désavoué par sa base. Dans cet entretien, le meneur de la jeunesse patriotique ivoirienne invite ses "camarades" à un sursaut national, en votant massivement Laurent Gbagbo et en appelle à la vigilance de l’ONUCI et des forces impartiales pour une sécurisation renforcée des électeurs en l'occurrence dans les zones encore sous-contrôles des Forces Nouvelles (ex-rebelles). 
L'Afrique Aujourd'hui :

 

Que pensez-vous de l’appel de Bédié à ses militants de voter pour Alassane Ouattara ?


Charles Blé Goudé


Je voudrais rappeler aux uns et aux autres que c’est le jeu démocratique. D’abord le fait que mon pays organise une élection qui emmène des candidats à un deuxième tour, est un signe de démocratie. Que des coalitions se forment, c’est aussi un signe de démocratie. Que le président du PDCI-RDA ( Parti démocratique de Côte d’Ivoire- Rassemblement démocratique africain), appel ses militants à voter pour le RDR (Rassemblement des républicains),  je pense que  c’est son droit. Je voudrais simplement dire aux ivoiriens que l’alliance entre deux n’entraine pas systématiquement l’adhésion de la base. Donc ce n’est pas un report systématique de voix. En France, quand il s’est agit d’appeler à  voter « Oui » pour la constitution européenne toutes les grandes formations politiques  en France ont coalisé pour appeler à voter « Oui  mais le « Non » l’a emporté. Ici (Ndlr : En Côte d’Ivoire), c’est la volonté du peuple qui compte et le peuple tisse un lien,  signe un contrat avec un individu qui est candidat qui a un programme qui peut les convaincre. Et il se passe que le programme de notre candidat  Gbagbo Laurent, son passé, ses actions jouent pour lui. J’appelle les jeunes de Côte d’Ivoire à un grand sursaut national. Qu’ils soient  du PDCI et de quelque parti qu’ils soient, je leur dit, Gbagbo Laurent a eu besoin d’eux au premier tour, la Côte d’Ivoire a besoin d’eux au deuxième tour. Mais,  j’ai appris ci et là qu’il aurait eu des tricheries au Nord de la Côte d’Ivoire. Oui, nous sommes d’accord avec le PDCI-RDA qu’il y a eu des tricheries au Nord de la Côte d’Ivoire. Seulement, c’est sur le nom du tricheur que nous ne nous entendons pas. Le PDCI et le camp présidentiel  ont été victime de la grande tricherie de Alassane Ouattara au Nord. Où, il n y avait aucun contrôle !  Où les électeurs étaient menacés ! De l’intimidation par-ci  et par là ! Savez-vous que jusqu’aujourd’hui, au moment où je vous parle, les forces nouvelles menacent les chefs de villages qui auraient pris positions pour le candidat Laurent Gbagbo. Savez-vous qu’au Nord, il y avait des pré-bureaux de votes où les bulletins sont cochés d’abord avant d’être remis aux électeurs ? Savez-vous que dans une localité au Nord appelée Madinani, sur la liste définitive électorale, 9770 inscrits et le nombre de votants est de 15500 votants ? Seulement sur ce point, la CEI (Commission Électorale Indépendante)  doit s’expliquer. Parce qu’on ne peut pas valider un tel résultat, c’est pourquoi nous sommes d’accord avec le PDCI qu’il faut un recomptage. Il faut un recomptage des voix au Nord de la Côte d’Ivoire, où il y a eu des scores communiste. Ceci n’est pas un signe de démocratie et Alassane Ouattara devrait en avoir honte à mon avis. Que chaque parti politique pour la survie de la Côte d’Ivoire il faut éviter les phagocytoses politiques. Que tous les cadres des parties politiques réfléchissent. Et la direction dans laquelle nous regardons, c’est de savoir, qui peut sauver la Côte d’Ivoire ? 

 

 

A quelles conséquences faites-vous allusion ?


Je sais que c’est Alassane Ouattara qui a envoyé la première saignée politique au PDCI-RDA en 1994. Je sais que c’est le même qui a écourté le mandat d’Henri Konan Bédié en 1999  à travers le coup d’état qu’il a organisé. Il l’a dit et il en a assumé. Aujourd’hui, ce serait une triple victoire qu’il gagnerait sur le PDCI-RDA, mais surtout, sur Henri Konan Bédié. Il faut éviter que le PDCI-RDA ne survive pas à ces élections.  Hors le PDCI doit survivre pour que la compétition ait lieu. C’est pourquoi, j’appelle tous les jeunes du PDCI-RDA à penser à la Côte d’Ivoire, à penser à la Côte d’Ivoire, à penser à leur partie politique. Je ne crois pas que tous les étrangers que Alassane Dramane Ouattara a fait enrôler c’est pour que Bédié soit candidat. Bédié et Laurent Gbagbo sont les grandes victimes de Alassane Ouattara  à organiser au Nord de la Côte d’Ivoire. A partir de cela, il faut un sursaut. Il faut un sursaut pour sauver la Côte d’Ivoire. Regardez les autres régions de la Côte d’Ivoire et observez les scores qui ont eu lieu, ce sont des scores démocratique. Où chaque parti a eu au moins le pourcentage que ses militants lui ont donné. Mais regardez le nord de la Côte d’Ivoire, ces résultats inquiètent la démocratie que nous voulons implanter en Côte d’Ivoire.  C’est pourquoi j’appelle à ce sursaut national. Je souhaite que les jeunes soient lucides. Je souhaite que les jeunes soient regardants sur l’avenir de la Côte d’Ivoire. Et qu’ils ne se laissent pas emporter par des dirigeants "postophyles" qui ne luttent que parce qu’on leur a promis des postes par ci et par là.  Il faut d’abord penser à la Côte d’Ivoire, aux différentes formations politiques et à la démocratie qu’il faut implanter.  Parce que le fait qu’il y ait eu un scrutin sans heurt, c’est une   première victoire pour la Côte d’Ivoire. Il faut maintenant donner à la Côte d’Ivoire sa deuxième victoire en donnant à  la Côte d’Ivoire quelqu’un qui a une vision.

 

 

Vous parlez de sursaut, par rapport à quoi,  soyez plus explicite ?


Mais quelqu’un qui est l’auteur du coup d’état de 1999 qui a dit je frapperai ce pouvoir et il tombera et qui écourte le mandat du président Henri Konan Bédié, quelqu’un qui, parce qu’il veut être candidat, balafre la Côte d’Ivoire, divise la Côte d’Ivoire, utilise la religion comme argument pour faire la politique, régionalise la politique bourre les urnes au Nord. Il est dangereux.  Et il est le premier à courir pour  dire qu’il y a eu tricherie.  Quand le président Henri Konan Bédié était en train d’appeler au recomptage des voix,  Alassane Ouattara n’a pas parlé en ce moment il jubilait, il était en train de fêter sa victoire. Et dès qu’il a appris que le Conseil constitutionnel a validé les résultats, c’est en ce moment qu’il demande le recomptage. Il se sert du PDCI-RDA, il veut diviser le PDCI-RDA, il veut décapiter le PDCI-RDA. Il faut faire attention à ce monsieur.  Il est dangereux et pour la Côte d’Ivoire et pour le PDCI-RDA. C’est pourquoi j’appelle à un sursaut national. Il ne dit jamais ce qu’il pense, il ne pense jamais ce qu’il dit.  Il où il appelle au calme, il pousse ses militants à la violence. Il empêche les gens de voter dans les zones CNO (Centre-Nord-Ouest). Il menace les gens  dans les villages qui ont peur d’être massacrer.  Ça ce n’est pas une démocratie. C’est pourquoi, j’appelle à un sursaut national.

 

 

 

L’actualité ivoirienne est dominée par des informations selon lesquels, les baoulé (ethnie de Bédié ) seraient victimes de menaces et de violences de la part de la jeunesse du camp présidentiel. Que savez-vous de cette affaire ?

 

Je voudrais lancer un appel à  tous les jeunes de Côte d’Ivoire. Les conflits et les agressions n’ont rien apporté à notre pays que la désolation. Je sais aussi que le RDR a fabriqué des tee-shirts à l’effigie du candidat Laurent Gbagbo, louant donc des loubards pour s’attaquer aux parents baoulé dans les campements. Pour les mettre sur le compte du candidat Gbagbo Laurent.   Parce le RDR craint que l’électorat baoulé bascule pour Gbagbo Laurent. Ce parti ne fonctionne que sur des rumeurs, d’abord au premier tour au moment où nous attendions les résultats, on  entend dire que Alassane Ouattara l’avait remporté à 53%. Les résultats sont venus démentir cela. C’est les mêmes qui titrent sur les journaux que les baoulé seraient victimes des exactions de la part des bété. Mais Gbagbo Laurent a fait 10 ans au pouvoir. On avait fait croire au baoulé que dès que Gbagbo sera au pouvoir, il chasserait les baoulé. Il ne l’a pas fait ! Les musulmans n’ont pas été chassés, les communautés dioula n’ont pas été chassés dans les villes bété. Pourquoi c’est maintenant il le ferait au moment où il passe au deuxième tour.  Cette information n’est pas justifiée, elle est fausse. Elle émane des rumeurs du RDR. Je demande aux uns et aux autres de rester sereins et de vivre en parfaite harmonie comme ils l’ont toujours fait. Une élection ce n’est pas la guerre. Il faut convaincre les uns et les autres afin de les rallier à notre cause.  Pour moi, les baoulé ne sont pas à mettre en cause.  Je ne crois pas qu’il est  ait  eu un vote bété (ethnie du président Gbagbo), je  ne crois pas qu’il y ait eu un vote baoulé, je ne crois qu’il y ait eu un vote dioula  (ethnie de Ouattara) , chacun a voté pour son candidat qu’il estimait être capable de diriger la Côte d’Ivoire. Maintenant que le jeu démocratique se joue au deuxième tour, chacun doit venir convaincre avec ses arguments. Et, nous, nous avons des arguments ! Il ne faut pas suivre Alassane Ouattara dans son vote ethnique auquel il appelle.

 

 

Mesurez-vous le degré  de tension déjà palpable qui prévaudra au second tour de ce scrutin présidentiel  ?

 

Écoutez, au premier tour on nous  a fait croire que le ciel allait tomber sur la Côte d’Ivoire, que la Côte d’Ivoire allait exploser. Mais le comportement citoyen a pris le dessus. Tout ce que je peu demander à l’ONUCI, au facilitateur (le médiateur de la crise ivoirienne, Baise Compaoré,  président du Burkina Faso),  aux observateurs, c’est de sécuriser les électeurs dans les zones CNO. Parce que les électeurs sont victimes de menaces. Ils sont opprimés et intimidés. Ils n’y a pas de vote démocratique dans ces zones. Ils faut appeler à cela.


Propos recueillis par


Edem Kouadio Bokbi 

 

Publié dans Actualités

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